la vie en institution ou en hébergement collectif

trueLa vie en établissement est complexe : les règles fixent un cadre de vie collective qui n'incite pas toujours à la relation à deux. Le droit à une sexualité consentante et dans le respect de la personne a bien été affirmé, mais son application est souvent difficile, à la fois pour les intéressés, le personnel et les familles.

Quel vécu de la relation amoureuse et de la sexualité ?

La relation amoureuse s'instaure souvent dans la régression affective : être aimé pour se sentir exister. Par ailleurs, une séparation s'établit entre la relation amoureuse et la relation érotique. Les pulsions sexuelles favorisent un état psychique qui conduit souvent à l'autoérotisme : la personne ne cherche plus à plaire, elle recherche le plaisir pour lui-même, et la masturbation devient fréquente chez l'homme comme chez la femme.

Quelle attitude adopter à ce stade ?

"Bizarrement, ce sont toujours les mêmes personnes qui n'arrivent pas à mettre la bonne distance avec le patient. Les personnels soignants devraient savoir à quel public ils sont confrontés et avoir les outils pour lui faire face."

Il faut bien sûr aider les personnes traumatisées à reconstruire un corps, avec ses fonctions, mais aussi une image séduisante d'elles-mêmes. Il faut bien sûr le faire avec précaution, car certaines personnes peuvent avoir une réponse déplacée à toute marque d'attention. Les soignants ou l'entourage doivent savoir se dégager fermement de cette affectivité exagérée.

"Une jeune fille, résidente d'un foyer d'accueil médicalisé, est poursuivie par les assiduités d'autres résidents. Incapable d'analyser une situation et d'envisager les conséquences d'un acte, elle n'oppose pas de résistance. La direction indique à la famille que les "textes" autorisent les handicapés à avoir des relations sexuelles entre personnes consentantes et s'appuie sur un document publié par une association de personnes handicapées de l'APF. La famille s'y oppose pour les raisons suivantes : manque total de jugement et de mémoire courte, risque d'une grossesse impossible à assumer malgré un implant anticonceptionnel. Pour l'instant, la surveillance et l'intervention du personnel a pu éviter les agressions sexuelles, mais le problème n'est toujours pas résolu."

Est-il possible de fixer des limites ?

Le traumatisé cérébral manque d'empathie, c'est-à-dire qu'il a des difficultés à imaginer ce que se représente l'autre. Ce sentiment nécessite des fonctions neuropsychologiques qui ont souvent été endommagées lors de l'accident.

Le traumatisé cérébral n'est toutefois pas insensible à ce que lui dit l'autre. S'il ne lui est pas possible d'éprouver de l'empathie, il peut se représenter la gêne ou la douleur qu'il provoque, à condition qu'on le lui dise ou qu'on le lui montre. Il n'est donc pas suffisant de parler de ce qu'il fait, mais il faut aussi lui expliquer les conséquences de ses actes chez les autres. Les effets de l'éducation étant limités chez les personnes traumatisées, ce rappel des limites à ne pas franchir doit être constant.

Et maintenant ?

À la fin de cette réflexion, une question demeure : quelles solutions pour vivre au mieux cette sexualité traumatisée ou, parfois, seulement y faire face ? Il n'y a pas de réponse unique à cette interrogation. Il existe bien des traitements, mais ils sont loin d'être la solution idéale. On sait également que la récupération de certaines facultés, physiques ou psychologiques, est toujours possible. Mais elle est longue et aléatoire.

Une chose est certaine : la réponse est à la fois individuelle (c'est-à-dire adaptée à chaque cas) et collective (c'est-à-dire élaborée en commun avec la personne cérébrolésée, sa famille et les équipes soignantes). Cela nécessite de sortir de la "logique" qui guide la vie quotidienne des personnes "normales".

Être confronté au traumatisme cérébral, c'est faire face à quelqu'un qui est devenu "autre". Il faut donc inventer, pour lui et avec lui, une autre façon de vivre, y compris quand il s'agit d'amour et de sexe, et malgré les tabous et les habitudes.

Un nouvel équilibre est possible à trouver, à condition de savoir-faire certaines concessions et de se rappeler que, à cause des lésions, il est moins facile pour la personne traumatisée de faire ces mêmes concessions.

Vous n'êtes pas seul dans cette situation. Des associations aux structures spécialisées, une aide ou un soutien peuvent vous permettre d'avancer. Vous trouverez ici les coordonnées de certaines d'entre elles.